Plus solide que l'acier, résistant à l'eau et au feu, ce "super bois" va révolutionner la construction
Grâce à un traitement moléculaire issu de recherches scientifiques, une start-up américaine a mis au point un bois composite aux capacités extraordinaires. Une révolution pour la construction comme pour l'ameublement.
À première vue, c'est une planche comme une autre. Son grain est doux, sa couleur chaleureuse, sa légèreté familière. Pourtant, ce bois apparemment ordinaire cache une révolution scientifique. Baptisé " Superwood ", ce matériau conçu aux États-Unis affiche des performances qui surent l'imagination : jusqu'à douze fois plus résistant que du bois naturel et doté d'un rapport résistance/poids dix fois supérieur à celui de l'acier. De quoi bouleverser les codes de l'architecture et de l'ingénierie.
Ce tour de force n'est pas né d'un coup de chance, mais d'une avancée technologique majeure. À l'origine du projet, une équipe de l'Université du Maryland dirigée par le professeur Liangbing Hu, spécialiste des matériaux et pionnier des nanotechnologies. Pour créer le Superwood, ses chercheurs ont commencé par retirer certains composants de la structure cellulaire du bois, notamment la lignine, responsable de sa rigidité naturelle. Cette extraction délicate permet de conserver les fibres de cellulose, tout en préparant le bois à une phase de compression intense.
Réalisé dans des conditions de température et d'humidité précises, ce processus de compression entraîne une densification extrême du matériau. Résultat : une structure compacte, homogène, résistante à l'humidité, au feu, aux insectes et même aux moisissures. Contrairement à d'autres matériaux composites ou synthétiques, ce bois transformé conserve pourtant une esthétique naturelle, ce qui le rend particulièrement adapté à une utilisation visible dans les intérieurs ou les façades, comme du bois "normal"..

Le Superwood n'est pas seulement une curiosité de laboratoire. Portée par la start-up InventWood, l'invention s'apprête désormais à er à la production industrielle. Financé à hauteur de 50 millions de dollars par des investisseurs publics et privés, le projet prévoit des applications dans le bâtiment, l'ameublement, et même dans des zones exposées aux conditions climatiques extrêmes. L'enjeu est double : proposer une alternative écologique aux matériaux traditionnels comme le béton ou l'acier, tout en garantissant une longévité inégalée.
Ce que cette innovation révèle surtout, c'est le potentiel encore inexploré des matériaux naturels lorsqu'ils sont repensés à l'échelle moléculaire. Dans un monde où la construction durable devient une urgence, face à l'acier et au béton, très énergivores, le Superwood illustre une voie prometteuse : celle d'une science qui respecte les créations de la nature tout en leur offrant de nouvelles qualités.