L'Arcom lance une consultation pour l'avenir de la TNT : bientôt 30 chaînes TV gratuites ?

Avec la disparation prochaine des chaînes payantes, l'Arcom s'interroge sur l'utilisation future des canaux libérés. L'autorité de régulation vient de lancer une grande consultation publique sur l'avenir de la TNT et, plus largement, de l'audiovisuel. en
C'est un tournant pour la télévision numérique terrestre. À compter du 6 juin 2025, les chaînes payantes du groupe Canal+ –@ Canal+, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète+ – cesseront définitivement d'émettre sur la TNT. Une page se tourne après plus de quinze ans de diffusion payante, mais cette disparition ouvre aussi de nouvelles perspectives. L'Arcom, l'autorité de régulation de l'audiovisuel en , entend saisir cette occasion pour repenser l'avenir de la télévision gratuite et lance une grande consultation publique auprès des professionnels et du grand public.
Consultation Arcom : trois scénarios pour l'avenir de la TNT
De fait, la disparition de ces chaînes va laisser quatre fréquences vacantes, un espace rare dans un environnement où la ressource radioélectrique est très encadrée. L'Arcom souhaite recueillir des propositions sur les usages possibles de ces canaux, avec plusieurs pistes déjà évoquées. Ouverte à tous jusqu'au 13 juin 2025, cette consultation publique s'inscrit dans le cadre d'une obligation légale. Le Conseil d'État a rappelé à l'Arcom, dans une décision du 19 février, qu'elle devait évaluer la situation économique du secteur avant toute nouvelle attribution. C'est sur cette base qu'un appel à candidatures pourrait être lancé pour attribuer ces fréquences à de nouveaux services. Le texte officiel de cette consultation est accessible en ligne, dans un PDF, un long document très complet, mais un brin complexe à décrypter pour le grand public – il recèle toutefois des informations très intéressantes, même pour ceux qui ne souhaitent pas participer.
Trois scénarios sont étudiés. Le premier propose d'ajouter de nouvelles chaînes gratuites à l'offre actuelle. Cela permettrait à la TNT, déjà riche de 26 chaînes, d'en accueillir jusqu'à 30, avec des contenus plus diversifiés. Ces nouvelles chaînes pourraient se consacrer à la culture, à l'info locale, à l'environnement ou encore à des formats destinés aux jeunes, souvent peu attirés par la télévision classique. Le deuxième scénario consiste à améliorer la qualité de diffusion des chaînes existantes, notamment par une double diffusion en HD ou en 4K, sans changer de canal. Enfin, la troisième option envisage le déploiement de la technologie 5G Broadcast, qui permettrait de regarder la télévision sur un smartphone sans utiliser de données mobiles.
TNT payante : un modèle économique désuet
La question de l'abandon de la TNT payante ne date pas d'hier. Depuis la fin des années 2010, les appels à candidatures lancés par l'Arcom pour ce type de diffusion n'ont plus rencontré de succès. La multiplication des offres de streaming, souvent perçues comme plus souples et plus riches, a affaibli l'intérêt du public pour des chaînes payantes diffusées par voie hertzienne. Le retrait du groupe Canal+ consacre donc un modèle en déclin. Dès juin, seule Paris Première continuera d'émettre en mode payant, mais sa pérennité à ce format est incertaine.
Dans ce contexte, la TNT gratuite s'affirme comme un socle à préserver et à moderniser. Elle reste un outil puissant de cohésion sociale et d'accès à l'information pour tous, sans abonnement ni connexion internet. Pour rester attractive face aux plateformes de streaming (Netflix, YouTube, Disney+, Prime Video et cosnorts), elle doit néanmoins évoluer, tant sur le fond que sur la forme. L'Arcom en est consciente et veut transformer ces contraintes en opportunités : mieux valoriser la diversité des contenus, intégrer les innovations technologiques, et ouvrir la voie à de nouveaux acteurs.
Cette consultation n'est donc pas un simple exercice istratif. Elle traduit une volonté de repenser collectivement un service audiovisuel accessible, innovant et adapté aux usages contemporains. Le pari est ambitieux : faire de la TNT un média du futur, capable de conjuguer exigence de qualité, gratuité et modernité. Les mois à venir diront si les professionnels et les citoyens répondront présents à cet appel pour imaginer ensemble une télévision plus riche, plus inclusive, et toujours disponible pour tous.
TNT : un bien public à préserver pour tous
Sans vouloir orienter vos réflexions et vos choix, nous tenons à rappeler que la TNT, tout comme l'ensemble du système de radiodiffusion français, est un bien public, qui s'est bâti au fil du temps avec les deniers de l'État grâce aux impôts et à la contribution à l'audiovisuel public – la fameuse "redevance télé" aujourd'hui disparue. Même si elles sont exploitées par des sociétés privées, donc commerciales, les fréquences dont elle dispose doivent demeurer un bien public, au service de tous.
On comprend bien l'appétence de certains pour les réaffecter à d'autres usages, notamment en les attribuant à la téléphonie mobile. Mais le mobile a déjà envahi nos vies avec les déviances qu'on connait (l'addiction aux écrans, la puissance des réseaux sociaux, la propagation des fake news et des thèse complotistes, etc.). Il nous paraît important de pouvoir préserver ce canal de communication ouvert à tous, pour le bien commun, sans en faire un nouveau marchand. Et sans imposer la souscription à des abonnements payants pour des plateformes de streaming ni l'usage d'un d'u smartphone pour accéder aux services publics – une tendance sournoise qui implique l'achat d'un appareil et un abonnement chez un opérateur. Comme la radio, la TNT doit rester accessible à tous, gratuitement.