Amazon prend le TGV pour livrer ses colis plus vite

Amazon prend le TGV pour livrer ses colis plus vite

Le géant du commerce en ligne s'est associé à la SNCF pour transporter des petits colis urgents par TGV. Une méthode plus écologique que la route, mais qui se limite pour le moment à la liaison Paris-Lyon.

Le paysage de la livraison express est en train de changer à toute allure. Depuis quelques semaines, les colis Amazon filent entre Lyon et Paris à 320 km/h, bien à l'abri dans une soute fermée des TGV de la SNCF. Ce partenariat inédit entre le géant américain du e-commerce et Rail Logistics Europe, filiale du groupe ferroviaire français, marque une première en Europe pour Amazon. L'objectif affiché : gagner en rapidité tout en réduisant l'empreinte carbone des livraisons.

Chaque jour, deux allers-retours transportent ainsi près de 2 000 paquets entre les centres logistiques lyonnais et parisiens. Et ces colis ne perturbent pas le confort des voyageurs : ils voyagent dans des espaces spécifiques, situés dans la voiture motrice – la locomotive, initialement prévus pour du fret léger comme des journaux ou des médicaments urgents. Amazon espère ainsi acheminer plus de 500 000 colis en 2025 grâce à ce mode de transport rapide et discret.

Livraisons Amazon : vers des transports plus propres

Ce virage ferroviaire s'inscrit dans une transformation plus large de la logistique européenne d'Amazon. Le groupe a doublé ses recours au rail et au maritime depuis 2022 et s'appuie désormais sur un réseau de plus de 500 lignes sur le continent. En , plus d'un quart des trajets entre sites logistiques se font désormais sur rails. Les autoroutes ferroviaires reliant Le Boulou à Calais ou Bettembourg viennent compléter un dispositif national que l'entreprise entend encore renforcer.

Si Amazon met en avant les bénéfices environnementaux du train – dix fois moins de CO2 émis qu'un camion à charge égale –, cette stratégie répond aussi à une pression croissante. Depuis plusieurs années, la marque est critiquée pour l'impact écologique du e-commerce, entre surproduction, emballages excessifs et transports polluants. Le recours au fret ferroviaire et aux véhicules électriques pour le "dernier kilomètre" vise ainsi à verdir une image souvent ternie par ces pratiques.

Ce changement logistique ne doit toutefois pas faire oublier que le camion et l'avion restent prédominants dans l'acheminement des colis Amazon. Et pendant qu'un TGV transporte proprement mille paquets, l'entreprise continue de multiplier les projets d'entrepôts géants, comme celui, très controversé, près de l'aéroport de Lyon. Des décisions qui interrogent sur la cohérence entre ambition écologique affichée et croissance logistique effrénée.

Pour autant, cette alliance ferroviaire pourrait bien tracer une nouvelle voie pour la livraison rapide en Europe. D'autres lignes TGV sont déjà à l'étude, y compris à l'international. Amazon, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2040, mise désormais sur des rails pour gagner en vitesse et, peut-être, en crédibilité écologique.