Faire des achats sur Amazon serait-il plus écolo que d'aller acheter en magasin ?

Faire des achats sur Amazon serait-il plus écolo que d'aller acheter en magasin ?

Une étude récente de l'Ademe révèle que la livraison à domicile polluerait moins que de se déplacer en magasin pour réaliser des achats. Un résultat pour le moins surprenant, qu'il convient toutefois de nuancer.

Depuis que le e-commerce s'est popularisé, la question de l'empreinte écologique de la livraison à domicile suscite de nombreuses critiques, notamment pour de grandes plateformes comme Amazon. La gratuité des échanges et la facilité de commande et de livraison sont particulièrement pointées du doigt, car elles engendreraient une surconsommation et favoriseraient un mode d'achat particulièrement délétère pour notre planète. Mais la livraison à domicile ne polluerait peut-être pas tant que ça…

C'est en tout cas ce que l'on pourrait déduire d'un rapport de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) réalisé en 2023 et paru en avril dernier. L'agence a mené plusieurs simulations d'achat d'une paire de chaussures, en prenant en compte plusieurs scénarios : achat en ligne avec livraison à domicile, avec livraison en point de retrait, ou achat en magasin. Cela lui a permis de comparer les conséquences environnementales pour chaque situation. Il en ressort que, finalement, acheter dans un magasin pollue davantage qu'acheter en ligne. Mais il y a toutefois quelques nuances à apporter.

© Ademe

Livraison Amazon : la solution d'achat la moins pire

L'Ademe a examiné avec précision les impacts environnementaux du commerce en ligne, en prenant en compte la logistique, le transport et les déplacements. Il en ressort que, pour une livraison à domicile, une paire de chaussures émet l'équivalent de 516 grammes de CO2, contre plus de 1600 si elle est récupérée en magasin. Cela s'explique principalement par le transport, dont l'impact écologique est bien plus élevé pour l'utilisation d'un véhicule personnel que pour la logistique des grandes plateformes d'e-commerce. Ainsi, l'utilisation de sa voiture personnelle thermique pour parcourir 10 km et aller acheter sa paire de chaussures en magasin pollue trois fois plus que lorsqu'un livreur fait parvenir le colis directement au domicile, car celui-ci va livrer plusieurs paquets pendant sa tournée, ce qui va en quelque sorte "étaler" son empreinte carbone.

Dans le cas où on profiterait d'un trajet en voiture déjà prévu pour faire un détour et acheter des chaussures en magasin, on émet toujours deux fois plus de CO₂ que si on attendait une livraison à domicile. Idem si on décide d'aller faire les boutiques en transports en commun. En fin de compte, le seul cas où acheter en magasin est plus écologique, c'est en y allant à pied ou à vélo, ce qui permet d'émettre 40 % d'émissions en moins qu'une livraison à domicile.

© Ademe

Livraison Amazon : une foule de paramètres à prendre en compte

Ces résultats doivent toutefois être nuancés. Dans son étude, l'Ademe s'est penché sur quatorze scénarios d'achats différents. La conclusion présentée ci-dessus est valable uniquement dans le cas d'une livraison à domicile réussie, où le client ne renvoie pas la paire donc. Or, en modifiant quelques paramètres, le constat peut changer drastiquement. Un consommateur qui se rend dans le magasin à vélo polluera moins que celui qui attend son colis Amazon chez lui. De même, si le colis est expédié de l'entrepôt par voie aérienne plutôt que par voie routière, l'impact carbone sera 25 fois plus élevé en kilomètre parcouru. Notons également que les simulations ne tiennent pas compte de l'origine des paires de chaussures — forcement, l'impact n'est pas le même selon qu'elles viennent de ou de Chine —, la fréquence des achats — là aussi, mieux vaut une seule grosse commande groupée qu'une multitude de petites tous les jours — ou le suremballage des produits, ce qui là encore influence grandement le résultat. Il ne s'agit donc pas de "valider" le modèle global de la vente en ligne, ni ses impacts indirects, mais simplement d'analyser ce qu'on appelle le "dernier kilomètre", à savoir le mode de déplacement du consommateur.

En clair, les achats effectués sur Amazon ne sont pas meilleurs pour la planète de façon générale, mais seulement en cas de livraison à domicile depuis un espace de stockage accessible par la route, car il permet de regrouper les émissions de gaz à effet de serre. C'est ce scénario qui aboutit à une solution moins polluante qu'un achat en magasin. Il faut prendre en compte tout un tas de paramètres pour trouver, à chaque fois, la solution d'achat la plus écologique. L'Ademe a d'ailleurs mis au point un simulateur afin de comparer l'impact carbone de différents scénarios de livraison (achat en magasin, livraison en point relais, à domicile, en Click & Collect, etc.) pour une dizaine de produits du quotidien (courses alimentaires, paire de chaussures, lave-linge, smartphone, etc.) stockés en . Dans tous les cas, l'achat qui pollue le moins, c'est celui qu'on n'effectue pas !

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